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Les jeunes latinoaméricains au défi de la cohésion sociale

vendredi 21 novembre 2008

« La participation des jeunes au sein des organisations politiques et syndicales atteint à peine les 10% d’autant qu’ils sont moins présents dans les urnes que les adultes, avec en moyenne un écart de 13 points » souligne, le rapport publié récemment par la Commission Économique pour l’Amérique Latine et les Carabes (CEPAL) et de l’Organisation des Jeunesses Ibéroaméricaines (OIJ) et dont le titre fait écho à une oeuvre de l’écrivain argentin Julio Cortázar : Jeunesse et Cohésion sociale en Amérique Latine : une maquette à monter.

Regard approfondi sur les perceptions et les « envies » des jeunes latinoaméricains de ce début de millénaire, le rapport souligne que « les jeunes de la région ne sont ni apathiques ni conservateurs. Ils ont juste redéfini « la politique » et ses pratiques, en s’éloignant des modèles classiques d’identité et d’appartenance ».

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« Ils sont novateurs dans leur forme de participation ; ils ont grandi avec l’imaginaire de la démocratie et des droits de l’homme et sont la génération la plus sensible à la question écologique et aux demandes historiques de minorités marginalisées. Mais ils ne font pas confiance aux institutions…, » affirment ses auteurs.

Ce manque de confiance s’exprime sur le fait que près de 42% des jeunes dit que le type de régime leur est indifférent et que dans certaines circonstances ils seraient plutôt favorables à un gouvernement autoritaire. Au Brésil, en Équateur, au Paraguay et au Pérou, plus de 80% d’entre eux n’est pas satisfait par la démocratie.

S’engager autrement

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La participation des jeunes au sein des organisations politiques et syndicales atteint à peine les 10% d’autant qu’ils sont moins présents dans les urnes que les adultes, avec en moyenne un écart de 13 points.
Cependant, 81% des jeunes latinoaméricains dit se sentir identifié avec une position politique, bien qu’ils soient en train de redéfinir la « politique » par le biais de nouvelles pratiques moins conventionnelles.

Les jeunes s’éloignent des références classiques qui ont traditionnellement défini le sens d’appartenance à la communauté : la patrie, la politique, la religion. Bien que 60% des jeunes affirme que son pays « est mieux » que les autres, ce chiffre chute violemment à l’heure d’évoquer l’égalité des chances entre ses concitoyens. Au Chili, 61% dit que son pays est le meilleur, mais seulement 28% croit qu’il y ait une égalité des chances ; au Brésil ce chiffre chute de 59% à 33% ; en Argentine de 48% à 34% ; et en Colombie de 67% à 42%.

Je crois mais...

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En ce qui concerne la religion, 86% des jeunes dit s’identifier avec une religion, notamment le catholicisme (68%), l’évangélisme et protestantisme (18%). Néanmoins, seulement 43% se définit pratiquant. Cette pratique atteint un très faible niveau au Chili (34%) et au Pérou (33%). Dans tous les pays, l’identification religieuse est moins importante chez les jeunes que chez les adultes, en particulier en Uruguay, au Chili et en République Dominicaine.

Le rapport constate l’existence « d’une brèche entre générations en ce qui concerne les croyances et les convictions. Cette brèche est soulignée par une tendance au scepticisme face aux croyances ancestrales ainsi que par un esprit d’ouverture face à une plus grande pluralité de référents d’appartenance, tant au niveau local qu’au niveau global ».

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Les jeunes d’aujourd’hui sont moins rebelles que les précédentes générations, d’après la CEPAL, mais ils créent de nouveaux référents et réinventent leurs propres formes de participation en public, se tournant vers des espaces de la société civile : groupes de rencontres, forums sociaux, initiatives communautaires, mouvements de jeunesses locales, bénévolats, tribus urbaines et alliances entre jeunes, écologistes et « indigénistes », entre autres.

Près de 30% des jeunes se dit être prêt à participer à des manifestations non autorisées ainsi qu’à d’autres formes d’action directe non traditionnelles. Dans des pays comme le Brésil, la jeunesse participe activement tant aux élections (88%) qu’à des actions politiques non conventionnelles (43%). Cependant, au Chili, seul 46% de la jeunesse exerce le droit de vote, tandis que 32% participe à des actions politiques alternatives. « Ceci mène à croire qu’au Chili ainsi qu’une paire d’autres pays, il pourrait y avoir une déviance des formes de politiques conventionnelles vers d’autres formes bien moins conventionnelles », souligne le rapport de la CEPAL - OIJ.

 Traduction : Antonia Olivares pour La Francolatina
 Télécharger le rapport (en espagnol)