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Affaire Cassez : la presse mexicaine dénonce "un scandale français"

Au Mexique, où l'enlèvement est un sujet particulièrement sensible, les pressions françaises sont mal perçues.

Par Luc Vinogradoff

Publié le 09 mars 2009 à 14h40, modifié le 12 avril 2009 à 18h32

Temps de Lecture 3 min.

La visite de Nicolas Sarkozy au Mexique n'a commencé que lundi 9 mars, mais son voyage officiel est déjà inexorablement lié au cas Florence Cassez. Le président français a déclaré publiquement qu'il demanderait le transfèrement en France de la jeune femme, condamnée à 60 ans de prison pour complicité de kidnapping et association de malfaiteurs. Son homologue mexicain, Felipe Calderon, a laissé entendre qu'il y serait favorable, provoquant l'incompréhension et même la colère dans son propre pays.

Dans son ensemble, la presse mexicaine ne manque pas de lier toutes les facettes de cette visite, le politique (signature d'accords), le people (présence de Carla Bruni, balades sur la plage), et jamais elle n'oublie d'en revenir au cas Cassez. Le destin de la Française semble être devenu le principal dossier du voyage d'Etat. Pour le journal La Vanguardia, ce problème reste "plus politique que juridique". Avec, d'un côté, un Nicolas Sarkozy qui "veut prouver une fois de plus qu'il se bat pour la libération des ressortissants français incarcérés injustement ou pour une raison irrégulière dans le monde". Et de l'autre, un gouvernement mexicain "incapable de défendre la démarche judiciaire qui a abouti à la condamnation".

Face à ce problème, il existerait deux positions au sein des responsables mexicains, rapporte La Jornada : refuser le transfèrement, en soulignant que l'accord bipartite en la matière exclut les personnes condamnées pour crime organisé. Ou accepter le transfèrement, qui est possible à partir du moment où Florence Cassez refuse de se pourvoir en appel, et lui laisser effectuer le reste de sa peine en France. Mais face à ce que le journal qualifie de "pressions françaises", l'opinion publique, et en particulier les associations de défense des victimes d'enlèvement, montent au créneau pour exiger que justice soit faite sur leur sol et pas en France.

"ELLE DOIT PAYER ICI"

Les publications mexicaines ouvrent largement leurs colonnes aux points de vue de ces organisations. Le président de la commission des droits de l'homme du district fédéral prévient, dans l'hebdomadaire Cronica de Hoy, que le départ de Florence Cassez "enverrait un message d'impunité" dans un pays où la loi a déjà du mal à se faire respecter. "Il me semble que dans un tel cas, il faut envoyer un message extrêmement fort en faveur des victimes", explique-t-il, rappelant qu'il s'agit en plus d'enlèvement, un crime courant et très mal vécu par la société mexicaine.

L'ex-présidente de l'association México unido contra la delincuencia (Le Mexique uni contre la délinquance) est plus directe : "On peut négocier beaucoup de choses entre gouvernements, mais pas la justice", écrit-elle dans une lettre ouverte au gouvernement publiée par La Tribuna. "Nous avons toutes les données, et il a été plus que prouvé qu'elle était une 'ravisseuse', martèle-t-elle. Même la victime la reconnaît." La victime en question est Cristina Ríos, qui a été retenue en otage pendant plus de 50 jours en 2005 et qui affirme que "la Française" faisait partie du groupe qui l'a séquestrée.

Dans la presse mexicaine, elle réclame le statut de "victime" qu'elle accuse la Française de s'être accaparé. "Ni moi ni ma famille n'avons la force où les moyens de mener une campagne médiatique et politique comme elle et sa famille", explique Cristina Rios dans Excelsior. "Si elle a commis un crime ici, elle doit payer ici", résume-t-elle depuis les Etats-Unis, où elle tente de refaire sa vie, selon La Jornada. La certitude de Cristina Rios quant à la culpabilité de la Française est alimentée par une foule de détails et d'anecdotes : elle aurait reconnu Florence Cassez "par ses cheveux roux qui dépassaient de sa cagoule" et "sa voix d'origine française, qui (la) hante toujours". Elle fait également état de tortures et soutient, plus de trois ans après les faits, que son fils "pisse de peur à chaque fois qu'il entend sa voix".

Les chances du président Calderon de sortir indemne de cette affaire diminuent à mesure qu'avance la visite officielle du président français. Car, comme le note Cronica de Hoy, accepter la demande de Paris et "devenir le collègue docile du grand Nicolas" sonnerait comme un aveu de faiblesse "au moment où les Etats-Unis veulent prouver que le Mexique est un 'Etat en faillite'". Une seule chose est sûre pour le quotidien, "envoyer la demoiselle Cassez purger sa peine en France, dans une prison du premier-monde [le journal ironisant sur ses geôles du tiers-monde]", entraînera "une remise de grâce populiste de Sarkozy".

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