Les patrons et les dirigeants syndicaux brésiliens se réjouissent d'une décision qu'ils appelaient de leurs voeux pour relancer la croissance et contenir le chômage : la baisse d'un point du taux directeur de la banque centrale, qui passe à 12,75 %.
Cette réduction est la première depuis septembre 2007 et, surtout, la plus forte depuis décembre 2003. Elle répond aussi aux attentes du gouvernement. Le président Luiz Inacio Lula da Silva avait déclaré en privé qu'une baisse inférieure à 0,75 % serait, à ses yeux, "inacceptable". De nouvelles baisses de taux devraient intervenir en 2009.
Pour la première fois depuis longtemps, la banque centrale se montre moins frileuse. Obsédée par son combat contre l'inflation, un fléau qui fit naguère des ravages au Brésil, elle s'était cramponnée à son taux en octobre 2008 - lors de sa dernière réunion - malgré la crise mondiale qui commençait à frapper le pays.
Cette fois, la nécessité d'éviter une trop forte chute de la demande intérieure et un envol du chômage a eu raison du conservatisme du comité de politique monétaire. Reste à savoir dans quelle mesure les banques commerciales répercuteront la baisse.
DÉCROCHAGE
Celle-ci n'empêche pas le Brésil de conserver les taux d'intérêt réels les plus élevés du monde (7,6 %) - loin devant la Hongrie et l'Argentine - et, s'agissant des taux nominaux, de demeurer au quatrième rang, derrière le Venezuela, la Turquie et la Russie.
La banque centrale ne pouvait pas faire fi du ralentissement inquiétant de l'activité économique. En décembre 2008, celle de l'industrie a reculé de 5 %. Les secteurs les plus touchés sont l'automobile, la métallurgie et le bâtiment. L'érosion de la demande mondiale et la baisse des cours des matières premières frappent le Brésil de plein fouet. Entre octobre et décembre 2008, le pays a perdu l'équivalent de dix jours de recettes d'exportations.
Au cours des trois premières semaines de 2009, le déficit commercial a été le plus mauvais depuis huit ans. L'agronégoce - notamment la viande - les mines et le pétrole brut, habituelles locomotives du commerce extérieur, sont les secteurs les plus affectés. La Chine a réduit de 12 % en deux mois ses achats de fer brésilien.
Les prévisions de croissance pour 2009, ramenées à la baisse, oscillent maintenant entre 1 % et 2 %. Brasilia a décidé, le 22 janvier, d'injecter 42 milliards de dollars (32 milliards d'euros) dans la banque publique BNDS pour aider les investisseurs privés.
En décembre, le pays a perdu plus de 650 000 emplois (40 % dans l'industrie), le pire décrochage depuis seize ans. Les experts s'attendent à la suppression de dizaines de milliers d'emplois dans les prochains mois. Le président Lula a promis d'en protéger le maximum. Patrons et syndicats doivent signer cette semaine un accord sur une réduction temporaire de la semaine de travail afin de limiter les licenciements massifs.
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