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Le Brésil se dote d'un fonds souverain contre la crise

Nourri par des rentrées fiscales importantes, ce fonds est notamment destiné à aider les entreprises nationales.

C'est l'ironie de la publication de statistiques économiques toujours décalées dans le temps : il a fallu attendre le début de la crise financière mondiale pour que les Brésiliens réalisent que leur économie avait le vent en poupe. Depuis une semaine, les chiffres publiés battent des records historiques, illustrant rétrospectivement le dynamisme du géant latino-américain.

En septembre, le Brésil a enregistré une croissance de 6,4 % sur les douze derniers mois, et devrait clôturer l'année à un rythme de 5,2 %. Le taux de chômage est au plus bas, à 7,5 % de la population active (contre 13,5 % à l'arrivée du président Luiz Inacio Lula da Silva en 2003). Côté finances publiques, c'est la vertu qui prévaut également. Brasilia achève novembre 2008 avec un déficit budgétaire de 10,8 milliards de réis (3,3 milliards d'euros), soit 0,4 % du produit intérieur brut (PIB). C'est le plus bas déficit jamais enregistré par le pays. Fin 2008, les réserves de devises atteignaient le montant historique de 207 milliards de dollars, faisant du Brésil un pays créditeur net à l'égard de l'étranger. La dette publique ne pèse d'ailleurs plus que 37 % du PIB. Quant aux investissements étrangers, ils devraient excéder les 35 milliards de dollars en 2008.

Une belle santé que le président Lula refuse de voir remettre en question, en particulier cette année, alors que commencent les tractations en vue de sa succession en octobre 2010. Le déficit budgétaire historiquement bas est une bonne nouvelle. Il signifie que le gouvernement dispose d'importantes marges de manœuvre financières pour stimuler la croissance. Lula a déjà réaffirmé le maintien du Programme d'accélération de croissance (PAC), à travers lequel l'État devrait investir 636 milliards de réis (196 milliards d'euros) dans les infrastructures d'ici 2010.

Une batterie de mesures

Parallèlement, il vient d'annoncer la création d'un fonds souverain contre-cyclique avec pour objectif d'investir dans l'économie durant les époques de vaches maigres. Le fonds débute avec 14,2 milliards de réis (4,4 milliards d'euros), soit l'équivalent de 0,5 % du PIB, qui seront gérés par la Banque du Brésil. Celle-ci a également pour objectif de voler au secours des entreprises en mal de trésorerie, et dont une partie importante de la dette est libellée en dollars. La devise américaine a en effet augmenté de 40 % par rapport au real au cours des trois derniers mois. La capacité de financement du gouvernement pourrait également augmenter dès les premiers mois de 2009 avec la probable baisse des taux d'intérêt (le taux de base, aujourd'hui de 13,75 %, est le plus élevé du monde). Ces derniers pèsent sur ses remboursements de la dette publique, dont plus de la moitié est aujourd'hui libellée en real.

Cette batterie de mesures montre que Brasilia est moins inquiet de l'impact de la baisse des exportations (elles ne pèsent que 14 % du PIB au Brésil) que du ralentissement de la consommation intérieure. Lula multiplie d'ailleurs les appels à la consommation à chaque intervention publique. Le gouvernement table désormais sur une croissance de 3,5 % pour 2009. C'est le minimum vital pour absorber les nouveaux venus sur le marché de l'emploi.

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