"Un geste pour un geste. Nous sommes prêts à dialoguer n'importe quand, quand ils le décideront, sans intermédiaire, directement, mais nous ne sommes pas pressés, nous ne sommes pas désespérés", a déclaré Raul Castro en répétant qu'il ne discuterait pas "avec une carotte et un bâton", lors d'une interview à la télévision cubaine diffusée vendredi soir.

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Le président cubain avait déjà déclaré le mois dernier être disposé à dialoguer d'égal à égal, "sans carotte ni bâton", avec Barack Obama, favorable à une détente avec l'île communiste soumise depuis 47 ans à un embargo commercial et financier américain.

Le frère et successeur de Fidel Castro a estimé que Barack Obama, qui doit prendre ses fonctions le 20 janvier à la Maison blanche, pourrait "faire beaucoup, beaucoup de pas positifs", mais qu'il ne croyait quand même pas qu'il puisse changer la politique américaine à l'égard de Cuba. "J'espère me tromper dans mon appréciation", a dit Raul Castro. "Arrive un président qui a suscité de l'espoir un peu partout dans le monde, des espérances je pense excessives, parce que, bien que je pense qu'il soit un homme honnête, un homme sincère, un homme ne peut changer la destinée d'un pays, et d'autant plus celle des Etats-Unis", a-t-il dit.

Lors des cérémonies du cinquantenaire de la révolution jeudi, Raul Castro, 77 ans, avait appelé ses compatriotes à résister au "chant des sirènes de l'ennemi" américain qui, avait-il souligné, "ne cessera jamais d'être de par sa nature agressif, dominateur, traître".

Un discours qui rabaissait les attentes suscitées par l'arrivée à la Maison blanche de Barack Obama, favorable à un allègement de l'embargo américain, et qui rappelait la mise en garde de Fidel Castro qui, dans une de ses "réflexions" publiées par la presse locale, avait estimé qu'Obama seul "ne pouvait changer un empire".

Raul Castro, qui a pris la relève de son frère malade en juillet 2006, a mené ces derniers mois une politique diplomatique très active, intensifiant les relations avec la Russie, son ancien allié de la guerre froide, et une Amérique latine beaucoup plus à gauche. L'île communiste, qui fait face à de graves difficultés économiques, a également repris en octobre la coopération avec l'Union européenne après un gel de cinq ans en raison de divergences sur la question très sensible des droits de l'Homme.

S'il répondait favorablement à cette offre de Raul Castro, Barack Obama serait le premier président américain à dialoguer avec l'île communiste en cinquante ans de confrontation.

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