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La justice argentine suspend la libération d'Alfredo Astiz, figure de la dictature

En vertu d'une loi argentine, il devait être libéré ainsi que d'autres officiers, depuis longtemps en prison sans avoir été jugés.

Le Monde avec AFP et Reuters

Publié le 19 décembre 2008 à 09h45, modifié le 19 décembre 2008 à 19h59

Temps de Lecture 2 min.

La justice argentine a suspendu, vendredi 19 décembre, l'ordre donné, jeudi, de libération de l'ex-capitaine de la marine Alfredo Astiz, accusé de crimes contre l'humanité commis sous la dictature, selon l'agence gouvernementale Télam. La mesure a été adoptée à peine deux heures après l'annonce du gouvernement argentin de faire appel de cet ordre de libération devant la Cour suprême de justice, afin que l'ex-capitaine de la marine demeure en prison jusqu'à l'heure de son procès.

En vertu d'une loi nationale selon laquelle les personnes inculpées ne peuvent pas être détenues pendant plus de deux ans avant leur procès, la Cour de cassation avait ordonné, jeudi, la libération d'Alfredo Astiz, l'une des figures les plus connues de la dictature (1976-1983), poursuivi pour l'enlèvement et la disparition en 1977 de deux religieuses françaises, Léonie Duquet et Alice Domon, et de dizaines de dissidents politiques. Surnommé "l'ange blond de la mort", il est accusé d'avoir infiltré des groupes de défense des droits de l'homme et d'avoir signalé à des complices les futures victimes en leur donnant un baiser pendant un service religieux.

Autre bénéficiaire de cette mesure, Jorge Acosta, dit "le Tigre", également officier de la marine et chef des groupes chargés de l'arrestation des militants d'opposition à la dictature au sein de l'Ecole de mécanique de la marine, un des plus importants centres de détention, de torture et de liquidation de prisonniers politiques. L'ancien juge Victor Brusa et l'ex-général Ramon Genaro Diaz doivent également être libérés. La présidente argentine, Cristina Kirchner, s'était offusquée de ces libérations. "Aujourd'hui est un jour de honte pour les Argentins, pour l'humanité et pour notre système judiciaire", a-t-elle déclaré.

"L'IMPUNITÉ CONTINUE"

Ces officiers sont également poursuivis pour la "disparition" d'Azucena Villaflor, fondatrice de l'association des Mères de la place de Mai, qui réclame justice au nom de leurs enfants "disparus" durant la dictature. Les religieuses françaises Léonie Duquet et Alice Domon avaient disparu en même temps qu'Azucena Villaflor, avec qui elles travaillaient. "La libération n'est possible que parce que les différentes instances judiciaires ont retardé les procès de façon injustifiée (...). Trente ans après le terrorisme d'Etat, l'impunité continue dans le fait que, par négligence, indolence ou complicité, la justice argentine ne les ait pas même pas encore condamnés", affirment les principales associations de victimes de la dictature, citées par le quotidien argentin Pagina 12.

Les accusés ne recouvreront cependant pas immédiatement la liberté : une caution doit être fixée préalablement et par ailleurs, selon Pagina 12, le ministère public devrait faire appel de la décision de libération, ce qui a valeur suspensive. Ce sera vraisemblablement à la Cour suprême de décider, en dernière instance, s'ils doivent être relâchés dans l'attente de leur procès.

Astiz, 56 ans, est en prison depuis 2007 après avoir passé plusieurs années en résidence surveillée dans une caserne. Il a déjà été condamné en France par contumace à la prison à vie pour le meurtre des religieuses françaises. Les restes de Léonie Duquet ont été identifiés en août 2005, et les experts légistes ont pu établir qu'elle avait été victime des "vols de la mort", méthode d'exécution consistant à jeter les opposants à la mer depuis un avion ou un hélicoptère. Alice Domon reste une "disparue" comme 30 000 autres victimes de la dictature, selon le décompte des organisations de défense des droits humains.

Le Monde avec AFP et Reuters

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