La pauvreté a diminué en Amérique latine en 2008, mais à un rythme inférieur aux cinq années précédentes. C'est ce que révèle le "Panorama social de l'Amérique latine", un rapport diffusé le mardi 9 décembre, par la Commission économique pour l'Amérique latine et les Caraïbes (Cepal), un organisme des Nations unies, dont les statistiques sont une référence.
Un Latino-Américain sur trois - soit 182 millions de personnes - vit dans la pauvreté avec moins de 2 dollars par jour. Selon les estimations de la Cepal, 2 millions de Latino-Américains ont surmonté le seuil de pauvreté en 2008, mais le nombre de ceux qui survivent dans des conditions d'extrême pauvreté - ceux qui ont juste de quoi manger pour moins de 1 dollar par jour - aurait augmenté légèrement.
ENVOL DES PRIX DES DENRÉES
Ce résultat modeste représente un infléchissement par rapport à la tendance des années 2002-2007, au cours desquelles 37 millions de Latino-Américains avaient cessé d'être pauvres. La pauvreté y avait reculé de près de dix points.
Cette inversion de tendance est d'autant plus préoccupante qu'elle précède la crise financière. La Cepal l'attribue surtout à la hausse des denrées alimentaires, notamment le riz, le blé et le maïs. L'envol des prix aurait empêché 11 millions de Latino-Américains de s'élever au-dessus du seuil de pauvreté. En outre, l'inflation a pris des proportions alarmantes dans certains pays (Venezuela, Nicaragua, Bolivie, Argentine), où elle frappe surtout les plus démunis.
La crise mondiale devrait se traduire dans la région par un ralentissement de la croissance qui avait favorisé l'amélioration des indicateurs sociaux. La réduction des exportations et des recettes fiscales, ainsi que la raréfaction du crédit auront des retombées négatives sur l'investissement public et sur les programmes sociaux.
Dès 2009, les conséquences seront visibles sur le marché du travail où les offres d'emploi stagneront ou se raréfieront face à une demande toujours croissante. L'impact sera plus prononcé sur ceux qui vivent grâce à l'économie informelle ou grâce à des emplois précaires (parfois la moitié de la population active). La diminution des fonds envoyés par les émigrés touche des foyers fragiles, qui peuvent rebasculer dans la pauvreté.
La seule bonne nouvelle est l'évolution démographique, avec une remontée du taux des personnes actives. Une moindre proportion d'enfants permettra de consacrer un budget amélioré à leur éducation, ce qui les préparera à occuper des emplois plus qualifiés.
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