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L'Amérique du Sud contaminée

Les pays du Mercosur ont tenu une réunion de crise lundi, au Brésil.

Rio de Janeiro

Après avoir longtemps assuré que le Brésil et l'Amérique latine en général souffriraient peu de la crise, le président Luiz Inacio Lula da Silva opte pour les grands moyens. Il a convoqué hier à Brasilia une réunion extraordinaire du Mercosur, le marché commun du « cône sud », pour discuter de mesures communes face à l'hémorragie financière et à la chute des Bourses. Aux côtés des ministres de l'Économie, des Affaires étrangères et des directeurs des banques centrales des quatre pays fondateurs, ont également été conviés les représentants des pays associés au Mercosur (Chili, Bolivie, Pérou, Équateur et Colombie), ainsi que le Venezuela, en cours d'adhésion.

En croissance depuis le début de la décennie, ce bloc commercial de 250 millions d'habitants pourrait connaître un net ralentissement. La banque mondiale table sur une hausse de 2,5 à 3,5 % en 2009, contre 4,6 % cette année. La semaine noire sur les marchés financiers a donné des frayeurs à Buenos Aires et Brasilia. Depuis le début du mois, les investisseurs étrangers en quête de liquidités ont retiré 5,2 milliards de dollars du marché brésilien pour les rapatrier dans leurs pays d'origine. La Bourse de Sao Paulo s'est dévalorisée de 36 % ce dernier mois, et de plus de 50 % depuis le début de l'année. Parallèlement, le cours du real est passé en quelques semaines de 1,5 real pour un dollar à près de 2,5 reals, malgré les interventions de la banque centrale. La chute de la Bourse argentine est comparable, mais avec un impact moindre sur l'économie : sa capitalisation est 100 fois inférieure à celle du Brésil.

Chute des matières premières

L'autre préoccupation est la chute du prix des matières premières, dont les pays latino-américains sont grands exportateurs. Le cours du soja a été divisé par deux au cours des six derniers mois, une catastrophe pour le gouvernement argentin, qui tire l'essentiel de ses ressources fiscales de ces exportations. Le ralentissement économique chinois frappe de plein fouet le secteur sidérurgique et minier. Vale, le leader brésilien de la mine, est contraint de diminuer son rythme de production. Au Venezuela, c'est le plongeon du cours du pétrole qui inquiète. La chute de la demande de produits industriels pénalise surtout le Brésil, qui possède l'économie la plus complexe du sous-continent. C'est très net dans le secteur automobile : les trois grands constructeurs General Motors, Fiat et Volkswagen ont déjà prévu de mettre au chômage technique 10 600 employés.

Alors que la solidité des finances publiques - tous les pays ont un excédent budgétaire primaire - repousse pour l'instant toute crainte de défaut sur la dette, c'est la solidité du Mercosur qui est en cause. Le Brésil compte sur la réunion pour se réaffirmer comme le leader régional. Brasilia veut encourager ses voisins à recapitaliser les banques et les entreprises en difficulté, tout en les dissuadant de recourir à des mesures protectionnistes ou à des dévaluations compétitives. L'Argentine et le Paraguay plaident pour un relèvement du tarif douanier commun, en particulier contre les produits chinois.

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