Miracle théâtral à Santa Cruz

C'est à Plan 3000, la banlieue populaire à l'est de Santa Cruz de la Sierra, qu'a été créée la première Ecole nationale de théâtre de Bolivie, sous la direction du Franco-Bolivien Marcos Malavia. Entre les modestes maisons de ce faubourg malodorant, faute de goudronnage et de tout-à-l'égout, et l'élégant édifice de l'école, bâtie sur un terrain de 2 000 mètres carrés, le contraste est saisissant. "L'école se dresse au milieu de ce quartier pauvre comme une sorte de symbole de l'art comme lieu de la dignité humaine", note Marcos Malavia.

L'auteur de ce miracle s'appelle Nicolas Castellanos, un prêtre augustinien d'origine espagnole, qui a renoncé à son évêché de Palencia (Espagne) pour vivre en Bolivie. Prix Prince des Asturies de la concorde, le Père Castellanos a obtenu des fonds de régions et municipalités espagnoles. A Plan 3000, qui regroupe 300 000 personnes venues des neuf départements du pays (sur 1,5 million d'habitants de la municipalité de Santa Cruz), il a construit une dizaine d'écoles et le seul hôpital du quartier.

"L'éducation et la santé ne suffisent pas, les déshérités ont également besoin de la beauté et de la culture pour s'en sortir", explique-t-il. D'où la création d'un orchestre symphonique formé par des jeunes et d'un ensemble d'installations éducatives et sportives appelé "Ville de la joie".

Auteur de Tragaluz (2008, éditions de l'Amandier, 146 pages, 15 euros), le directeur de l'Ecole nationale de théâtre, Marcos Malavia, est un des dix-huit écrivains invités à Lyon à l'occasion de la manifestation Belles Latinas, du 6 au 21 octobre (www.espaces-latinos.org). Avant de s'installer à Santa Cruz, il avait suivi une formation à l'école de mime Marcel-Marceau, à Paris, et avait collaboré à des spectacles de la compagnie Renaud-Barrault et d'Alfredo Arias. C'est aussi en France qu'il avait signé ses premières mises en scène, avant de se voir confier la direction de l'école à Plan 3000. "Ce quartier mérite d'avoir ce lieu de formation de haut niveau et un beau bâtiment, assure Marcos Malavia. L'école est la fierté du quartier."