Accueil > Au jour le jour > AFC40 : 40 ans d’Amitié > Mon Chili à moi... > Martine Delaplace : rendre présents les disparus
Martine Delaplace : rendre présents les disparus
vendredi 27 septembre 2013
Peintre et psychanalyste Martine Delaplace a été liée de longue date au Chili. Chanteuse, elle a fait partie dans les années 70 de l’atelier Recabarren, dirigé par Sergio Ortega, le créateur du "Venceremos" et "El Pueblo Unido".
par Martine Delaplace
Pour aujourd’hui, j’ai choisi de vous faire le récit de mon travail graphique pour les disparues et les disparus par la dictature. Un autre jour peut-être, je parlerai de l’Atelier Recabarren, dans lequel j’ai chanté, avec Sergio Ortega et les autres et je parlerai peut-être aussi de ma fille Eva, francochilena.
40 ans après le coup d’état et 4 ans après la création de l’exposition "Disparues, disparus, dessins colorés et sonores", j’ai donc voulu vous parler de ce travail auquel je veux donner une nouvelle vie.
Au départ, en 2009, il y a eu des dessins qui tentaient de donner un peu de corps et un peu de voix aux disparues et aux disparus chiliens. Leurs noms ont été enregistrés à voix basse et diffusés dans les lieux de l’exposition qui, comme on peut l’apprécier dans la vidéo réalisée par Peter Hudson, se trouvait alors remplis d’un chuchotement diffus. Pour distinguer clairement les noms il fallait s’approcher des dessins.
La palissade des absents présents
Pablo Neruda avait une maison à Isla Negra, là où il est enterré, face à l’océan Pacifique. Depuis toujours et avec une intensité toute particulière pendant la dictature, on faisait brûler du bois sur la plage et, avec le charbon, on écrivait sur la palissade le nom de ses morts ou des disparus accompagné du mot Presente ! (présent).
Pour cette nouvelle vie de Disparues, disparus, je me propose de construire à l’intérieur du lieu d’exposition un espace entouré d’une palissade de sapin gris, à l’image de celle de la maison de Pablo Neruda. A l’intérieur de l’espace, les dessins sont accrochés à la palissade, posés sur pied et par terre tout autour. Le sol sera recouvert de sable et un brasero posé au centre de l’espace assurera la fabrication de charbon de bois.
Les visiteurs pourront ainsi écrire sur la palissade le nom de la personne disparue à laquelle ils souhaitent rendre hommage. A l’extérieur de la palissade, un salon d’écriture permettra de s’asseoir confortablement pour écrire un souvenir ou une émotion à partager à propos de ceux qui, 40 ans après, restent plus que jamais Presentes !