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L'impact des agrocarburants dénoncé en Amérique latine

Avec son éthanol fabriqué à partir de canne à sucre, dont il est le deuxième producteur mondial, le Brésil éclipse ses voisins latino-américains.

Par Laurence Caramel

Publié le 10 septembre 2008 à 15h17, modifié le 10 septembre 2008 à 18h54

Temps de Lecture 2 min.

Avec son éthanol fabriqué à partir de canne à sucre, dont il est le deuxième producteur mondial, le Brésil éclipse ses voisins latino-américains. La ruée vers les agrocarburants est pourtant chez eux aussi une réalité de plus en plus criante. L'organisation non gouvernementale Friends of the Earth (Amis de la Terre) a publié, mercredi 10 septembre, un rapport dans lequel elle dresse un état des lieux de cette nouvelle donne régionale.

"Le carburant de la destruction en Amérique latine" : le titre laisse peu de place au suspense sur le ton de ce réquisitoire. Il accuse les agrocarburants d'exacerber la concentration de la propriété foncière, la flambée des prix agricoles et la dégradation de l'environnement. "Tous les pays étudiés ont accru ou projettent d'accroître leur production d'agrocarburants à des niveaux alarmants en menant à coups de subventions, d'exonération de taxes... des politiques très attractives pour les investisseurs", écrit le rapport, qui déplore les conséquences en termes de déforestation et de pollution liée à l'utilisation accrue des pesticides et des engrais.

RECUL DES CULTURES VIVRIÈRES

L'Argentine est encore un nain sur le marché du nouveau "pétrole vert", mais elle est le deuxième producteur mondial de soja. Friends of the Earth a calculé que les projets d'investissements programmés au cours des trois prochaines années pourraient lui permettre de produire 4 millions de tonnes de biodiesel. Pour cela, il faudra convertir ou défricher 9 millions d'hectares, l'équivalent de 60 % des surfaces actuellement cultivées en soja. Au cours des deux dernières décennies, l'expansion du soja a fait reculer les surfaces consacrées à l'agriculture vivrière et à l'élevage de 25 %. Celles destinées au fourrage ont été réduites de 50 %.

Pour alléger leur facture énergétique, l'Uruguay et la Colombie se sont aussi fixé des objectifs d'incorporation de ces carburants alternatifs à l'essence traditionnelle. En Colombie, cela suppose notamment de multiplier par trois d'ici à 2020 les surfaces consacrées au palmier à huile.

L'explosion de la demande aux Etats-Unis et en Europe joue par ailleurs un rôle croissant dans la recomposition du paysage agricole du sous-continent. Les multinationales du secteur ont pris pied dans la plupart des pays, constate le rapport en pointant la multiplication des conflits avec les communautés locales pour l'usage de la terre. La Banque mondiale et la Banque interaméricaine de développement (BID), qui soutiennent le déploiement des agrocarburants, sont jugés coupables d'indifférence à ces enjeux.

Cette vision est évidemment contestée par les accusés. "Aucun des projets financés par notre institution ne concurrence des cultures alimentaires", affirme Carla Tully, chargée du financement des agrocarburants à la BID. "Les réserves de terre dans la région sont considérables, les possibilités de gains de productivité aussi. Il est important de construire une nouvelle stratégie énergétique et les agrocarburants en font partie", poursuit-elle. Mardi 9 septembre, la BID a lancé sur son site web une plateforme interactive pour permettre aux gouvernements et aux entrepreneurs de passer au crible de 23 critères environnementaux et sociaux leurs projets d'investissements. Une forme de réponse aux Amis de la Terre ?

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