Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

En Argentine, la manipulation des chiffres de l'inflation suscite la défiance des investisseurs étrangers

Certains analystes évoquent un possible défaut de paiement, sept ans après celui de 2001, qui fut l'un des plus importants de l'histoire financière contemporaine.

Par Christine Legrand

Publié le 26 août 2008 à 14h14, modifié le 27 août 2008 à 05h12

Temps de Lecture 3 min.

Malgré cinq années de croissance "à la chinoise", l'économie argentine inquiète. Certains analystes évoquent même un possible défaut de paiement, sept ans après celui de 2001, qui fut l'un des plus importants de l'histoire financière contemporaine. Début août, le Venezuela avait racheté pour un milliard de dollars (675 millions d'euros) de titres de la dette argentine à un taux de 15 % jugé élevé par le marché. Caracas les a ensuite revendus, contribuant au vif repli de la valeur des bons.

Le 19 août, la présidente de l'Argentine, Cristina Kirchner, a attribué les turbulences du marché de la dette à des "intérêts financiers, économiques et médiatiques qui veulent faire croire que le pays est au bord du gouffre". Et de critiquer "l'establishment international et les agences de notations financières". De fait, après Standard & Poor's, Moodys avait annoncé, quelques jours plus tôt, avoir réduit ses perspectives sur la dette argentine de "positives" à "stables". Plusieurs économistes locaux jugent ces craintes exagérées. Ils pensent qu'en cas de difficulté de financement, Buenos Aires pourrait recourir aux réserves de la Banque centrale (40 milliards de dollars).

Pour apaiser les marchés, Mme Kirchner a mis en avant un excédent fiscal de plus de 4 milliards de pesos (900 millions d'euros) en juillet, soit 56 % de plus qu'un an plus tôt. Elle a aussi mentionné une croissance du produit intérieur brut de 8,1 % et la création de 107 000 emplois au cours du premier semestre. Le ministre de l'économie, Carlos Fernandez, a pour sa part anticipé une forte augmentation des exportations qui pourraient atteindre 72 milliards de dollars en 2008 contre un peu plus de 55 milliards en 2007.

L'AUTRE DÉFI, LA CRISE AGRICOLE

La plupart des économistes estiment que la chute des emprunts de l'Etat argentin traduit principalement l'inquiétude des investisseurs face au manque de crédibilité des chiffres officiels de l'inflation. Le gouvernement affirme qu'elle ne dépasse pas les 10 % quand la plupart des économistes l'estiment à 25 %.

La manipulation des chiffres de l'Institut national des statistiques (Indec), critiquée par de nombreux secteurs de la société argentine, contribue à ternir l'image de Mme Kirchner jusque dans les rangs de ses partisans au sein du parti péroniste. Ainsi, le gouverneur de la province de Buenos Aires, Daniel Scioli, a admis que l'inflation affecte les municipalités qui n'arrivent plus à boucler leurs fins de mois et à répondre aux demandes de hausse de salaire des employés publics.

Les caciques de la principale province argentine, en majorité péronistes, réclament un sauvetage financier du gouvernement fédéral. Certains avancent que les aliments de base ont augmenté de 45 % au cours des derniers mois affectant durement les plus pauvres. La classe moyenne n'est pas épargnée. Selon des instituts privés, les prix des biens et des services auraient augmenté de près de 23 % depuis un an, notamment les loyers et les couvertures médicales privées, soit trois fois plus que ce qu'indiquent les statistiques officielles. Quant au prix de l'essence, il a grimpé de plus de 30 % en un an ; dans le même temps, celui d'un hamburger chez McDonald prenait 20 %.

L'autre défi est la crise du monde rural dans un pays où les exportations agricoles assurent la principale entrée de devises. Or, les exploitants sont derechef sur le pied de guerre. En juillet, après quatre mois de grève, ils avaient obtenu que le projet de loi sur une augmentation des taxes sur les exportations de céréales soit rejeté par le Sénat. Ils menacent de lancer une nouvelle grève si le gouvernement ne reconsidère pas le prix du lait, jugé trop bas, et s'il ne lève pas les restrictions aux exportations de viande et de blé.

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner

Voir les contributions

Réutiliser ce contenu

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.