Depuis quelques années, le cinéma d'Amérique latine est en pleine effervescence. Ce renouveau se confirme-t-il?

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Oui. L'Argentine, où tout a démarré, se maintient. C'est au Mexique que tout explose, aujourd'hui. En deux ans, la production y a été multipliée par cinq, pour atteindre une centaine de films par an. Ce pays est le cinquième marché du monde en termes d'entrées, alors que les longs-métrages mexicains ne représentent que 5 % des billets vendus sur le territoire. Derrière les réalisateurs connus, comme Guillermo del Toro (Le Labyrinthe de Pan), Alfonso Cuaron (Les Fils de l'homme) ou Alejandro Gonzalez Iñarritu (Babel), de jeunes metteurs en scène ont su régénérer les genres classiques mexicains -le mélo, l'horreur ou les histoires de fantômes. Ils s'appuient sur un canevas hollywoodien en y injectant leur propre culture.

Le cinéma d'Amérique latine existe-t-il comme entité ou se rapproche-t-il du cinéma européen, c'est-à-dire d'une somme d'individualités ?

Longtemps, ce cinéma a porté un discours politique dénonçant les dictatures. Il semble que la nouvelle génération s'en détourne pour être davantage dans le présent. Cette région du monde est l'endroit où le tourbillon de la planète est le plus emblématique. Le modèle américain y est à la fois copié et rejeté. Ainsi, beaucoup de scénarios montrent le désarroi des jeunes. C'est peut-être le symbole de nos sociétés actuelles.

Y a-t-il une curiosité à ne pas manquer?

Oui, Cyrano Fernandez, l'adaptation vénézuélienne de Cyrano de Bergerac, dans laquelle le héros de Rostand est un gangster des favelas de Caracas. Sans long nez, mais avec le visage esquinté. Un film très culotté.

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